Témoignage d’un ancien combattant Jabiste!

Avant de vous présenter, dans quelques temps, l’histoire de la JAB et notamment de faire état de ses résultats sportifs au travers des époques, nous ne résistons pas au plaisir de vous livrer ce témoignage d’un homme de lettres qui fut un ardent défenseur du maillot bleu et blanc (euhhh? celui de la Jab…bien évidemment!!).

Pour illustrer ce texte superbement écrit avec ses passages « haut en couleurs » ou son style « viril mais correct », nous avons choisi de vous présenter la photo des juniors de 1957, ceux qui ont conquis le premier titre national de la JAB en Coupe FSF, battant en finale les parisiens d’Olier ( FSF: Coupe de France des patronages dont sont issus notamment des clubs pros comme l’AJ AUXERRE et les CHAMOIS NIORTAIS).

Cette photo envoyée, il y a quelques jours par la famille d’un des acteurs, OLHANDEGUY, démontre l’impact de l’épopée que nous vivons actuellement.

Cela ravivera des souvenirs aux plus anciens et démontre que notre club a toujours été compétitif, alors qu’il se trouve encore ce week end, en 32ème de Finale de la Coupe de France et en 64 ieme de finale de la Gambardella (U19).

C’est grâce à la mémoire d’un ancien joueur, membre d’une grande famille du foot biarrot, les CAZENAVE, que nous avons pû mettre une majorité de noms sur ces visages de l’époque :

Debout de gauche à droite : Jojo Deyris, Roudigou, Olhandeguy, Aragues (le poissonnier), Peyres, Housset, Laplace dit « Mamaque » (qui jouera 2ème ligne au BO)
Accroupis de gauche à droite : Bichendaritz, Oyhamberry, Garat, Renaud, Amatrian

IL ETAIT UNE FOIS LA JEANNE D’ARC DE BIARRITZ

INVITATION AU STADE RENNAIS, notre grand frère celte.

Aussi loin que ma mémoire puissse remonter, je revois des joueurs habités par une détermination – certains diront une fureur– indomptable, donnant tout ce qu’ils avaient et souvent davantage, habités, animés devrais-je dire car la JAB a su garder son âme, par un esprit qui décuple leurs forces et qui jouaient les matches comme on monte à l’assaut dans leurs parures de bleu et blanc.

J’ai en mémoire des noms de joueurs, fiers gladiateurs d’une époque révolue mais Ô combien fondatrice : les Barandiaran, Labrune et Dassance pour commencer.

J’ai vu des lignées, des dynasties, des fratries de joueurs, dépositaires de l’esprit jabiste davantage que du jeu : les tribus illustres des Dassance, des Capdeville, des De La Parra, des Balaguer, des Diaz, des Pereira plus récemment ou des Aguirre et tant d’autres qui me pardonneront autour du pot de l’amitié de ne pas les avoir mentionnées.

Des faits d’armes incroyables et qui ne sont pas tenus pour vérité aujourd’hui,parfois, car ils sont inconcevables comme un pénalty sifflé au parc plus d’une minute après la faute suite à une requête, un ordre musclé contre l’arbitre mais fait « de bonne foi ».

Des bagarres d’un autre temps, avec l’intervention des forces de l’Ordre et la pelouse du polo envahie par des « hinchas » souvent d’âge mûr qui contestaient l’honnêteté, la probité de l’arbitre. Pelouse qui ressemblait parfois à un champ de patates quand il pleuvait beaucoup ou à un sol rocailleux quand il gelait, lors de l’hiver 1976/1977 par exemple mais qui était notre sanctuaire et que nous défendions de toutes nos forces et par tous les moyens (parfois illicites j’en conviens).

Si les russes ont toujours appliqué la stratégie de la terre brûlée, les jabistes ont parfois utilisé la tactique de l’intimidation dite de la « jambe cisaillée » et nos cadres ou capitaines au langage fleuri nous donnaient moult recettes (telles que charger le goal sur corner ou présenter des crampons effilés et peu réglementaires ou faire jouer des colosses au gabarit de rugbyman et des joueurs madrés et connaissant les « ficelles du métier » lors des sorties houleuses en Béarn avec l’équipe B.

Je suis un témoin de premier rang sinon de premier ordre puisque j’en fis partie (de cette équipe).

Je peux aussi dire la stupéfaction de certaines équipes à l’annonce des noms inscrits sur les licences des joueurs (un seul nom français parfois et une grande majorité à consonnance espagnole).

Des hauts faits de jeu avec cette finale de la coupe de France Junior des Patronages perdue 3 à 2 en 1974 à Orléans alors que l’on menait 2 à 1.

Des matches haut en couleurs en juniors contre « l’ennemi héréditaire », les Genêts d’Anglet ou contre les Eglantins d’Hendaye à qui nous rendions 20 centimètres mais qui nous respectaient.

Toutes les équipes nous respectaient et nous craignaient car elles savaient que jouer contre la Jeanne d’Arc était tout sauf une sinécure.

Dire que les matches joués à Biarritz étaient « virils » relevait parfois d’un doux euphémisme, d’un langage édulcoré : puisqu’il faut dire les choses, c’était parfois une intimidation permanente qui dégénérait en pugilat.

Oui, il faut bien l’avouer car faute avouée est à moitié pardonnée : il y eut des excès mais ces excès étaient le fruit d’une singulière tradition pratiquée aux entraînements, enseignée par les « gardiens du temple » qui professaient le culte des valeurs, des essences viriles de notre cher club : pas question de reculer, de se plaindre ou de montrer des signes de faiblesse.

Bien sûr il n’ya avait pas que cet aspect, ce prisme et des générations de joueurs et de nombreuses équipes ont montré tout leur talent, leur technicité et leur habileté.

Parmi les jeunes pousses pétris de talent pur on peut citer Serge Blanco qui a fait ses premières armes au sein de notre club et un certain Léopold Eyhartz, célèbre spationaute de l’Agence spatiale européenne.

Se montrer volontaire et combatif sur le terrain n’altère en rien les qualités footballistiques et le contraire est vrai.

Ces valeurs de courage et de sacrifice étaient, sont et seront nos « dix commandements » et je veux à ce stade remonter aux origines.

Regroupés depuis 1908, « patronage » depuis 1909, les équipes de football et de basket ball commencent des compétitions en 1940 et 1957 respectivement.

Le père fondateur, l’abbé de L’Isle, au nom phonétiquement évocateur et anonciateur devait bien connaître en son for intérieur la petite graine qu’il avait semée…

L’abbé était le représentant de notre Sainte Mère l’Eglise, notre mère aimante et protectrice. Quant au père on peut affirmer qu’il était « vif argent », rude pionnier au grand cœur, farouche, un brin hâbleur et rebelle, très éloigné du « politiquement correct » et de la fadasse « bien-pensance » si prisés par nos autoproclamées « élites ».

L’esprit de la JAB a su perdurer, génération après génération et si devise il y avait, chacun aurait sa petite idée : pour la communaute jabiste « Amis et Unis » me semble convenir et pour nos adversaires « Qui s’y frotte s’y pique » pourrait être de mise mais à chacun sa maxime.

Des grand anciens des années 70 (je n’ai pas connu leurs pères et leurs grands-pères) à nos représentants actuels je sens la même motivation, le même élan, la même solidarité : tous unis pour rattraper la bourde du copain, pour pallier à une défaillance momentanée. Le soutien et les encouragements d’un public averti et issu du sérail n’y est pas pour rien et la communauté jabiste (sur et en dehors du terrain) est faite du même acier.

Je revois nos pères fondateurs, Monsieur Pérez qui avait fait un petit pont au grand Kopa, Monsieur Legaz qui nous a enseigné les bases et rudiments de notre sport favori, Monsieur Cailleba, Président affable et omniprésent, Monsieur Cardy, véritable cheville ouvrière du club qui faisait office d’entraîneur, d’éducateur, de dirigeant, d’assistant social, de manutentionnaire et parfois de toubib : c’était notre « Roger Couderc », notre pater tout puissant qui savait comment nous regonfler et qui observait avec acuité les failles de l’adversaire et donnait des conseils judicieux.

Il ne faudrait pas oublier de rendre un vibrant hommage aux épouses de ces hommes dévoués corps et âme à leur club. Je salue ici leur compréhension, leur sacrifice et leur dévouement car elles aussi, peut-être même plus que les autres ont contribué à notre épanouissement.

Ces gens là comme chantait Brel « appelaient un chat un chat », avaient le verbe haut et fleuri et le sang qui ne faisait qu’un tour quand ils voyaient une injustice.

D’ailleurs je ne vois que Brel, Brassens ou Ferré comme bardes de notre vénérable et chère Institution.

La Jeanne d’Arc de Biarritz n’est pas un club quelconque : elle n’a pas la plus grande salle de trophées au monde ni même dans le secteur, elle n’a pas les structures et la renommée du voisinage angloy ou bayonnais, elle ne montre pas leur jeu esthétique et châtoyant, elle n’a pas l’argent douteux des nouveaux riches, elle n’a pas les faveurs des puissants politiques et/ou médiatiques si j’ai bien compris certaines conversations au siège social ou au foyer mais pourtant elle a mieux que tout cela.

La JAB est un grand club, comme il en prolifère beaucoup dans cette France profonde et si riche.

La JA est riche de ses valeurs, riche de ses femmes et hommes bénévoles qui se retrouvent et conjuguent l’amitié et la solidarité au quotidien, riche de son public indéfectible, riche de son esprit farouche, de sa flamme, de sa fougue, de son impertinence mâtinée d’esprit frondeur.

La JA c’est David qui combat Goliath, c’est Gavroche qui bat le pavé parisien, c’est le petit village Gaulois qui résiste à l’envahisseur, c’était dans ma jeunesse des petits qui rendaient une tête aux joueurs de l’équipe d’en face mais qui mettaient la tête là où d’autres n’osaient pas mettre le pied.

La Jeanne d’Arc reste insensible aux modes, elle s’articule autour des valeurs séculaires d’amitié, de solidarité et d’abnégation.

Elle appartient à la race des élites, des vraies élites, celles du cœur.

La JAB a chevillée au corps l’âme simple et rugueuse des pionniers, elle ne doit rien à personne et tout à ses enfants.

Bientôt nous affronterons un club de première division, le Stade Rennais : pourquoi ne pas rappeler celui de 1971 … du fantasque Saint-Tropezien gardien Marcel Aubour, grand pétanqueur et de son meneur Raymond Keruzoré aux ripes et à la qualité technique digne d’un batave de la même époque plus quelques rugueux défenseurs, le chauve Cedolin et le plus chevelu Chlosta…

Nous sommes fiers et heureux d’accueillir le Stade Rennais que nous considérons comme un grand club et qui sera quelque soit le résultat, l’espace d’un moment, notre égal puisque notre frère d’armes.

Un enfant de la Jeanne d’Arc de Biarritz